Août 2010 - TOUT CE TRAVAIL POUR RIEN!! par Jerôme Merle



Tout ce travail pour rien !!

Ca commence toujours par un bel espoir, et c’est le temps qui fait le reste. Après une douche plus ou moins froide, tout dépend de l’endroit d’où elle est venue, la réflexion est plus éclairée une fois les émotions passées. J’en ai entendu des plaintes, mais celle qui revient le plus souvent sera la fameuse : « tout ce travail pour rien !! »

Cela fait une année que je trotte avec vous tous, en ayant je pense trouvé ce que je cherchais,
mais en fait bien plus que mes espérances.

Courir, prendre du plaisir, découvrir de nouveaux
chemins, discuter, faire des rencontres, c’est ce qui me plaît chez nous, et je ne suis jamais
déçu, même l’hiver quand ça n’est pas évident avec le froid et la neige, la motivation vient
du plaisir de revoir tout le monde, et cet esprit qui veut qu’on ne sera jamais seul, mais
qu’il faut s’accrocher quand même, comme une 1ère sortie à « la Caravane » quand on est
pas habitué, ça vous donne l’étendue du travail qu’il reste à fournir pour réussir ce qu’on est
venu chercher.

Mais le petit groupe est là à m’attendre pour ne pas rester seul, et s’accrocher.
Alors des sorties, on en fait, et on progresse doucement. Entre temps, on a rencontré des gens
formidables par leurs personnalités, leurs actes ou leurs projets. Et les sorties se succèdent, les
objectifs perso aussi, et que l’on soit un mardi soir ou qu’on participe à une course, la seule
chose que je trouve à l’arrivée est le sourire sur les visages et les encouragements.

Arrive enfin cette fin Août, qui sera LA BALLADE, le test de l’année écoulée, et finalement le
plaisir de courir avec le groupe, de voir du monde et souhaiter le meilleur aux autres. Pour la
3ème fois, j’ai pris ce départ, avec le regret de ne pas le faire avec plus de féroces autour de
moi, tous éparpillés et seul dans le flot de traileurs, mais la route est longue et les rencontres
toujours nombreuses.

Ma 1ère rencontre est comme une éclaircie sous cette bruine. Il a toujours le sourire et n’a
jamais l’air abattu, alors la route n’en sera que meilleure, et comme les chemins du Mt-Blanc
sont assez larges, une deuxième rencontre apporte la chaleur aux rayons de soleil qui pointe.
Là, cet ultra peut commencer, 3 féroces ensembles, ça ne peut pas caler en route. De plus, une
petite promesse faite quelques temps auparavant (que je savais tenir), le paysage grandiose et
finalement ce mauvais temps qui va nous souder dans l’effort.

Et les kilomètres défilent, le temps aussi, les arrêts, les petites galères, les égarements, et
surtout toujours ce but qui est de passer l’arrivé avec nos maillots rouge que tout le monde
reconnaît, et de montrer que cette victoire sur cette distance l’est avant tout sur soi, et le rendu
d’une confiance et d’une amitié à un groupe qui vous encourage tout au long des chemins.
Alors il faut chercher les bonnes solutions, être sûr que tout ira, avec une grande confiance en
sa partenaire, car elle a un potentiel énorme et du caractère, même la nuit tombée.

6h30, voilà Vallorcine, enfin, surtout pour les genoux !! C’est malheureusement la fin, on
ne nous laissera pas aller plus loin. Petit regret pour moi, car ma véritable arrivée était à
Chamonix, avec un passage sous l’arche, un véritable cadeau d’anniversaire à offrir à tout ceux
qui sont là. Mais non, un petit portique qui fait bip comme seul écho, quelques bénévoles
formidables qui applaudissent et des proches qui ont un mérite incroyable.

« Tout ce travail pour rien », peut-être pour certain, mais pas pour moi. J’ai vécu ma plus
belle course, j’ai rencontré des personnes formidables que je ne connaissais que peu ou pas,
qui m’on apporté énormément et m’ont fait confiance.
Malgré la fatigue, ce petit sourire et cette satisfaction d’être arrivé me donne une véritable
récompense, car ce travail, ça n’était pas que de courir, mais aussi aider d’une certaine façon,
comme d’autre l’ont fait pour moi. S’ajoute ce plaisir d’apprendre que bien d’autre ont pu
passer Vallorcine et sont arrivés à Chamonix, ce pincement d’en savoir d’autres plus loin
derrière ou qui ont abandonner. La victoire n’est pas d’arriver dans les premiers, mais d’arriver tout court, ett être bien au fond du cœur.
Alors j’espère que tout continuera ainsi, que ce plaisir de courir sera toujours là et que cet
esprit ne bougera pas.
Jéjé, malgré notre séparation à la Fouly, tu resteras pour moi un compagnon de route du
tonnerre.
Claire, malgré ce que tu dis, je n’ai rien fait, juste courir à tes côtés, ce qui me semblait
normal et fut surtout un grand plaisir. La seule chose d’exceptionnel dans cette histoire c’est
toi, car malgré la douleur, tu as fait cette course sur tes deux jambes !!
Aux autres, croisés à Chamonix, vos visages étaient bien marqués par cette nuit, mais
l’aventure n’en était que plus belle, comme ma satisfaction de vous voir.
A ceux que je n’ai pas recroisé, restés en arrière, cette aventure restera pour vous aussi je
pense quelque chose d’ancré dans vos mémoires, et j’espère que malgré tout, vous aurez pris
du plaisir.
A tous les féroces, mais aussi aux autres coureurs, traileurs, randonneurs, merci de partager
ces moments avec nous.
A ceux qui n’ont pas pu prendre de départ, ou ont été interrompu prématurément, j’espère
que vous pourrez retrouver du réconfort en vous remémorant tous les bons souvenirs pour
préparer cette aventure.

« Tout ce travail pour rien », en fait non, tout ce travail pour tout ça...